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Interview de Monsieur le Maire

par M. Lavignasse

Dans le cadre de l’enseignement d’Education aux Médias et à l’Information, les élèves de 4è ont eu à faire des recherches sur des personnalités politiques en vue de rédiger un article présentant le parcours de chaque personnalité l’accès à la fonction, et les missions que cela recouvre. Le but était à la fois de faire un véritable travail de recherche et de sélection des informations disponibles en ligne, mais aussi de mieux connaître nos institutions.

Le maire de Sannois, Monsieur Bernard Jamet faisait partie des des dix-sept personnalités proposées dans ce projet, et il a accepté de répondre aux questions des élèves lors d’une interview en visio.

En voici le compte rendu :

Parcours
- Pourquoi avez-vous décidé de devenir maire ?
Je suis un homme de responsabilités. La liberté est une valeur très importante. Je me sentais limité en tant qu’adjoint au maire. Je voulais accomplir ce qui me semblait essentiel pour Sannois. Je voulais « prendre mes responsabilités ».

- Quel était votre parcours professionnel avant cela ?
J’ai fait l’école normale. J’ai été maître d’école dès l’âge de 18 ans. Puis directeur.
En 2014 j’ai cessé mes fonctions de directeur et pris ma retraite en 2015. J’ai fait beaucoup d’écoles en tant que directeur (six), notamment à Sannois.

- Pourquoi pas un métier comme les autres ?
Maire n’est pas un métier mais une mission. Le maire s’occupe de sa commune. Le député de la circonscription s’occupe de la nation.

- Y-a/avait-il des maires dans votre famille ?
Non. Ma famille était intéressée par la question politique mais pas encartée.


 Comment se prépare-t-on à ce métier ?

Avoir été directeur d’école m’a préparé à la gestion de problématiques diverses. Il y a aussi le bon sens. Et il faut bien s’entourer.
« On ne sait pas tout mais quand on sait bien s’entourer on fait moins de bêtises »

- Étiez-vous délégué quand vous étiez enfant ?
Non.

- Avez-vous toujours habité Sannois ?
Je suis né à Sannois et j’y ai vécu jusqu’à mes 2 ans. En 1959 mes parents se sont installés rue de Sannois à Saint-Gratien. J’ai donc fait une partie de ma scolarité à Saint-Gratien (école Grusse Dagneaux et collège Jean Zay). Mes activités sportives étaient à Sannois (cyclisme).

 Aimez-vous lire ?

Oui. J’ai un grand intérêt pour Victor Hugo et Frédéric Dard, dans un registre très différent. J’ai des lectures assez classiques, surtout des romans mais je manque parfois de temps pour lire. Je lis aussi des essais politiques (Catherine Nay).

Métier
- Quelles sont les missions, domaines de compétences du maire d’une ville ? Autrement dit qu’est-ce qui relève des décisions du maire dans ce qui se fait dans la ville ?
L’urbanisme fait partie des missions régaliennes du maire. Il s’occupe notamment des permis de construire. Mais aussi de beaucoup d’autres thématiques avec ses adjoints. Par exemple dans le domaine social avec le quotient familial (vote au conseil municipal), ou encore les subventions aux écoles et aux associations sportives.
J’aime être un élu. Les missions qui m’intéressent sont celles de maire, ou de président de la République, rires (en toute humilité) et pourquoi pas ministre de l’éducation nationale. Ceci dit, ce n’est pas la même chose car un ministre n’est pas élu mais choisi par le président et son 1er ministre.

- Comment réglez-vous les problèmes de la ville ?
En parlant avec les élus, les adjoints, les conseillers municipaux. Les directeurs de services apportent aussi leurs éclairages. Il faut beaucoup d’écoute et de discussions. Il faut également du courage car certaines décisions peuvent dérouter. Il faut être sûr de ses décisions et c’est le cas quand on est en totale adéquation avec soi-même.

- Comment se financent les travaux des routes ou des écoles par exemple ?
Les impôts fonciers (ceux que paient les propriétaires). La taxe d’habitation était payée par les propriétaires et les locataires mais elle disparaît. Elle est prise en charge par l’État.
Il y a aussi les dotations de l’État en fonction du nombre d’habitants de la commune et en fonction de la richesse ou de la pauvreté de la ville.
Il y a aussi des subventions du conseil départemental ou du conseil régional par exemple, pour la construction des écoles, ou la rénovation des rues.

- Quelles sont les difficultés de ce métier de maire ?
Pour moi, être maire est moins difficile que d’être professeur ou directeur d’école, car ceux-ci n’ont pas de pouvoir décisionnel. Ils sont contraints par un système organisé. Le maire lui, a du pouvoir et il choisit ses adjoints. Il donne des délégations, par exemple adjoint aux affaires sociales, mais il peut aussi révoquer cette fonction.
La seule difficulté serait d’avoir peur mais moi je n’ai peur de rien, je ne suis pas enfermé dans la peur.
Une autre difficulté est de concilier son activité de maire, avec sa vie de famille : d’époux, de père, de grand-père.

- Avez-vous des horaires ? Êtes-vous débordé de travail ? Pouvez-vous prendre des vacances ?
Oui je prends des vacances quand je veux mais je mets en place une organisation en amont et je reste joignable. Il m’est arrivé d’écrire l’édito du Sannois Mag pendant mes vacances.
C’est important notamment pour rencontrer d’autres gens.
Je m’impose des horaires. Je petit-déjeune avec mon épouse. J’arrive donc à la mairie vers 9h30-10h.
Je m’accorde une sieste. Mais ma journée se prolonge jusque vers 20h-21h. Je travaille du lundi au samedi. Et je suis présent au marché le dimanche matin.


 Avez-vous un remplaçant ?

Beaucoup de personnes veulent prendre ma place au sein de l’équipe municipale, et c’est normal. Il y a des gens de grande qualité qui pourront me succéder. Ce n’est pas me remplacer. Le maire ne désigne pas son successeur.
J’irai jusqu’à la fin de mon mandat en 2026 mais ensuite je cesserai mes fonctions. Nous voterons à bulletin secret au sein de la majorité municipale pour choisir mon successeur mais ensuite il lui appartiendra de conduire l’équipe aux élections et de les gagner. Le peuple choisit.

En ce qui concerne les vacances, le premier adjoint ne prend pas ses vacances en même temps. Et les autres adjoints et le directeur de cabinet sont là.

- Qu’est-ce qui vous occupe le plus ?
La relation aux gens. Beaucoup de rendez-vous avec les élus, les cadres de la ville, les habitants. J’ai la même écoute avec des anciens ministres qu’avec un agent de la voirie.

- Avez-vous un salaire ? Qui vous paie ?
Je n’ai pas un salaire. Ce sont des indemnités.
4800 € bruts soit 2650 € net. J’ai aussi une indemnité en tant que vice-président à la sécurité pour Val Parisis. (patron de la police mutualisée de nuit + caméras) 2560 € brut soit 1440 € nets. Le total est d’environ 4000 € net.

- Quelle est votre motivation principale à exercer ces fonctions, et aimeriez-vous continuer pour un troisième mandat ?
J’ai un grand bonheur à occuper mes fonctions de maire. Je travaille pour l’intérêt général. J’aimerai continuer mais j’ai une convention avec ma famille, un accord avec mon épouse.

- Sinon quels seraient vos autres projets en politique ?
Aucun, je suis heureux d’être maire et cesserai de l’être en 2026.

 Est-ce qu’il faut habiter Sannois pour en être maire ?

Il y a des maires qui n’habitent pas leur commune. Mais il faut quand même qu’ils aient un bien dans la ville, et qu’ils y paient un impôt. Pour moi c’est inimaginable de ne pas habiter sa commune. Et c’est rare.

- Qu’est-ce que le conseil municipal ? Comment est-il composé ? À quoi sert-il ?
Le conseil municipal est un instance élue. Au deuxième tour on regarde qui a gagné, on obtient alors 18 conseillers municipaux sur les 35. Les autres postes sont attribués à la proportionnelle des votes.
À Sannois, il y a 26 conseillers de la majorité, 2 de la gauche écologique et solidaire, 1 indépendant, 6 pour la liste « Sannois au cœur ».
Au conseil municipal on présente les délibérations : des documents doivent être adoptés légalement pour le conseil municipal, par exemple pour changer les tarifs de la cantine. Cela ne peut être fait que si le conseil municipal vote. Ensuite le document est présenté à la préfecture, et devient légal.
L’opposition peut prendre la parole au conseil municipal, poser des questions. Il y a un conseil toutes les 7 à 8 semaines environ.

Opinions
Société
- Quelles sont les décisions prises pour la ville que l’on pourrait dire sociales ?
Le budget. La répartition des subventions. Par exemple 2 millions 300 000 € au Centre Communal d’Action Sociale, depuis des années. Je souhaite le faire augmenter à 2,9 millions. (Décision prise dernièrement).
Les prix de la restauration scolaire également.

Écologie
- Quelles décisions avez-vous pris pour la ville, ou quels projets avez-vous pour la ville en termes d’écologie ?
La modification du PLU (Plan Local d’Urbanisme) qui prévoit plus de terre pleine autour des bâtiments c’est-à-dire des espaces non goudronnés/bétonnés, qui doivent rester en végétation.
La rénovation des cours des écoles avec des zones de terre pleine.
La protection thermique des vieux bâtiments municipaux car les chaudières et chauffages produisent beaucoup de CO2.

Économie
- Est-ce que la ville de Sannois a des dettes ? Qu’est-ce que les “emprunts toxiques” ?
Oui elle a des dettes, mais c’est normal d’emprunter pour investir.
Quand j’ai commencé mon mandat il y avait 38 millions de dettes. Aujourd’hui, il y en a 23 millions.
Les emprunts toxiques sont des emprunts dont le taux d’intérêt peut varier en fonction des fluctuations et par exemple passer de 2 % à 25 %
La ville de Sannois a encore un emprunt toxique. Mais nous avons contracté avec l’État pour en sortir si les intérêts flambent.

Sécurité
- Est-ce que le maire est responsable de la sécurité des habitants ? Qu’est-ce qui est fait à Sannois pour ça ?
Le maire est responsable de la tranquillité des habitants. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
Il assure la tranquillité en faisant remonter les faits les plus graves à la police et à la justice.
La sécurité est assurée par l’État, dans ses fonctions de police et de justice.
À Sannois il y a la police mutualisée de nuit entre 18h et 4h du matin. La vidéoprotection. C’est un système transféré à l’agglomération. Il y plus de 40 caméras. Il y en aura une cinquantaine d’ici la fin du mandat.
Il y a de la vidéo-verbalisation, principalement pour le stationnement gênant.
Il y a aussi la police de proximité.

Divers
- Quels sont vos projets pour la ville, de manière plus générale ? Qu’aimeriez-vous améliorer à Sannois ?
Créer le cœur de ville. Réaménager l’esplanade de la gare, et développer un son et lumière historique au moulin.

- Il y a cinq ans, vous parrainiez Nicolas Dupont-Aignan. Cette année vous avez choisi Éric Zemmour pour sa candidature à l’élection présidentielle. Quelle ont été vos motivations pour accorder ces parrainages ?
J’ai l’esprit de compétition. J’estime qu’il doit en être de même pour le Président de la République. Il doit y avoir des opposants dans la course pour légitimer la victoire.
Ceux qui ne pourraient pas donner leur avis dans les urnes risqueraient de le donner dans la rue. Il faut des débats, des confrontations. La démocratie, c’est le clivage. Toutes les idées doivent pouvoir apparaître sur l’échiquier politique.
J’ai toujours dit que je donnerai mon parrainage à un candidat haut dans les sondages mais qui peinerait à obtenir ses signatures. C’est le cas de Eric Zemmour.
Ma famille politique ce serait plutôt celle des valeurs gaullistes fondées sur l’indépendance de la France. Ceci dit, je ne suis pas encarté.